Pascale PETIT
Textos inéditos para PROMETEO
Las arqueras
Las arqueras, en las que lo masculino no existe, son siempre representadas de perfil, nunca de frente.
Vienen -se dice- tardíamente de regiones cálidas.
De este modo, durante los dos o tres primeros años, se ignora lo que miran de frente y lo que encierran de extraño o de familiar.
(Ahora bien, es probable que todas no miren la misma cosa. No hay campos de arqueras, ellas no son grandes flores. Y cuando son varias se matan entre sí).
Si se cambia de lugar, la arquera también cambia de lugar.
Si se le da la espalda, juega a las escondidas.
(¿A veces, sonríe?)
Se quisiera atraer su atención pero no ama la música y no conoce demasiado de leyendas.
Con el tiempo, se piensa en la arquera por analogía: se cree que busca un línea que no está fuera de ella y donde coincide consigo misma.
En ocasiones, la arquera descubre que caza: se aproxima por abajo y por encima. En este momento, de detiene, tensa la cuerda, se vuelve lenta y abstracta, y no toca el suelo.
En la noche, cuando se cree sola, lejos de la mirada del hombre que la dibuja, se estira cerca de una fuente de calor.
En la oscuridad, sus ojos forman un suave resplandor cuando el hombre pasa la mano por su espalda y toca su joroba.
Les Archères
Les archères dont le masculin n'existe pas sont toujours représentées de profil, jamais de face. Elles viennent - dit-on - tardivement des régions chaudes.
Pendant les deux ou trois premières années, on ignore ainsi ce qu'elles regardent de face et ce qu'elles recèlent d'étrange ou de familier.
(Or, il est probable qu'elles ne regardent pas toutes la même chose. Il n'y a pas de champ d'archères, ce ne sont pas de grandes fleurs. Quand elles sont plusieurs, elles s'entre-tuent).
Si on change de place, l'archère change aussi de place.
Si on lui tourne le dos, elle joue à un, deux, trois, soleil.
(Parfois, elle sourit?).
On voudrait attirer son attention mais elle n'aime pas la musique et ne connaît pas assez de légendes.
Avec le temps, on pense à l'archère par analogie: on croit qu'elle cherche une ligne qui ne serait pas hors d'elle où elle coïnciderait avec elle-même.
Parfois, l'archère découvre qu'elle chassait : elle s'est approchée par-dessous et par-dessus. À ce moment-là, elle s'arrête, le doigt sur la nécessité, devient lente et abstraite, ne touche plus le sol.
Le soir, quand elle se croit seule, loin du regard de celui qui la dessine, elle s'allonge près d'une source de chaleur.
Dans le noir, ses yeux font un éclat très doux quand il passe la main dans son dos et qu'il touche sa bosse.
Los Hombres Inflables
Los hombres inflables se desplazan en grupo, pegados unos a otros para que no se les confunda, aparentemente lúcidos e incrédulos. Conversan lentamente entre ellos.
De lejos, parece que no se mueven, que son bancos de arena.
O bien, se diría que su vuelo es un desvío, y sólo cuando cada uno de sus gestos es estudiado desde un ángulo preciso, después de largas frases, se adivina su trayectoria.
(Es difícil saber, sin embargo, dónde están verdaderamente : ¿qué decir de alguien que se vé arriba de la Bahía de Hudson o del Canal Saint-Georges a esta hora?)
A la caída de la noche, los hombres inflables no tienen miedo, se desprenden de sus lazos y se dispersan. Gritan como si se tumbaran árboles. Algunos descienden peligrosamente, cerca del suelo, y van a dormir bajo las cornisas. En efecto, no son los más precisos.
Está dicho que las arqueras esperan ese momento - en que ellos se dispersan, en que son todavía visibles - para escogerlos.
Nadie sabe con certeza al cabo de cuánto tiempo cae un hombre inflable. En la espera, la arquera que lo ha escogido puede pensar cómo era él justo antes de caer. A menudo la arquera sólo dispone de unos segundos para hallar una actitud y hacer como si allí no hubiera nada para ella.
A veces, la caída dura largo tiempo y la arquera olvida al hombre que espera, aunque se vuelve sincera o simplemente ausente cuando él está ahí.
En realidad, las arqueras optan raras veces por la indiferencia: la mayor parte del tiempo esconden a los hombres que encuentran en sus mangas y les hacen una especie de boca-a-boca que los devuelve a la vida, a sus riesgos y peligros.
Les Hommes Gonflables
Les hommes gonflables se déplacent en groupe, collés les uns aux autres pour qu'on les confonde, apparemment lucides et incrédules. Ils conversent lentement entre eux.
De loin, on croit qu'ils ne bougent pas, que ce sont des bancs de sable.
Ou bien on se dit que leur vol ressemble à une dérive sauf que chacun de leurs gestes est étudié selon un angle précis si bien qu'après de longues phrases, on devine leur trajectoire.
(Il est difficile de savoir cependant où ils sont vraiment: que dire de quelqu'un qu'on aperçoit au-dessus de la Baie d'Hudson ou du Canal Saint-Georges, à cette heure-là ?).
À la tombée de la nuit, les hommes gonflables n'ont plus peur, ils tirent sur leurs liens et s'éparpillent. Ils crient comme si on abattait des arbres. Certains descendent très bas et vont dormir sous des chapiteaux. Ce ne sont pas, de loin, les plus précis.
Il est dit que les archères attendent ce moment-là - où ils s'éparpillent, où ils sont encore visibles - pour les choisir.
Personne ne sait vraiment au bout de combien de temps tombe un homme gonflable. Tout ce temps, l'archère qui l'a choisi peut penser à lui comme il était juste avant qu'il tombe. Elle n'a souvent que quelques secondes pour trouver une attitude et faire comme si elle n'y était pour rien.
Parfois, la chute dure trop longtemps et l'archère oublie l'homme qu'elle attend si bien qu'elle devient presque sincère ou simplement absente quand il est là.
En réalité, les archères choisissent rarement l'indifférence: la plupart du temps, elles cachent les hommes qu'elles trouvent dans leur manche et leur font, en temps voulu, une sorte de bouche-à-bouche qui les ramènent de temps en temps à la vie, à leurs risques et périls.
La Ultima Noche de Hombres Inflables
Ella explica que no fue ella: no dispara desde hace tiempo. Este debió caer solo. Cuando tienen sed -o cuando quieren cerezas- ellos se descuelgan sin esfuerzo.
"Pero, ¿a cuándo se remonta la última noche de hombres inflables?"
Se diría que no le molesta el que se inclinen sobre él. Pregunta: "¿qué ha dicho ella?" Hace esfuerzos, demuestra que puede mover los dedos, pero la pierna izquierda y la derecha, no puede. El cree que hablan al revés.
Cuando no la ve, la busca con los ojos.
Ella pregunta : "¿qué ha dicho él?". Lo mira. Quiere permanecer bajo los árboles pero no desea hacerle el boca-a-boca: tiene miedo que explote sobre ella.
Ella dice : "se puede hablar delante de él, pues no comprende."
Y lo cubre con una sábana.
La Dernière Nuit d'Hommes Gonflables
Elle explique que ça ne peut pas être elle : elle ne tire plus depuis longtemps. Celui-ci a dû tomber tout seul. Quand ils ont soif ou quand ils veulent des cerises ils se décrochent sans effort.
"Mais à quand remonte la dernière nuit d'hommes gonflables ?"
On dirait que ça ne le dérange pas qu'on se penche au-dessus de lui. Il demande : "qu'est-ce qu'elle a dit ?" Il fait des efforts, il fait voir qu'il peut bouger les doigts, mais la jambe gauche et la jambe droite, il ne peut pas. Il a l'impression qu'ils parlent à l'envers.
Quand il ne la voit pas , il la cherche du regard.
Elle demande : "qu'est-ce qu'il a dit ?" Elle le regarde. Elle veut bien rester sous les arbres mais elle ne veut pas lui faire de bouche-à-bouche : elle a peur qu'il éclate sur elle.
Elle dit : "on peut parler devant lui, il ne comprend pas".
Elle le recouvre d'un drap.
Sueño del Gato
(Sueño)
...Esto exige una gran paciencia: no es necesario abandonar su posición. Soy capaz de esperar varias horas en el mismo sitio. En realidad, no estoy siempre aquí. Juego un gran papel.
De antemano sé pasos de danza.
Después te tomo, te pongo sobre el escritorio por ejemplo, al lado de la máquina-de-escribir-cartas o en el sofá adonde voy todo el tiempo.
No haces siempre lo que quiero. O haces "la que no espero". Yo también sé jugar a "el que mira a otra parte".
Digo algo como "el final es hermoso esta noche", intento sorprenderte.
Te acaricio la mano. Recomienzo varias veces. No tengo el lugar para abrazarte.
Es un trabajo de loco, pero terminas por plegarte muy bien.
Me dices que jamás has pasado por aquí. Cuentas las montañas, y han pasado varios días, de pronto.
(Al final, te das cuenta que la tierra es más pequeña de lo que creías).
Traducción : Pablo Montoya
Rêve du Chat
(Rêve)
...Cela demande une grande patience : il ne faut pas abandonner sa position. Je suis capable d'attendre plusieurs heures au même endroit. En réalité, je ne suis pas toujours là. Je joue un grand rôle.
Je sais à l'avance des pas de danse.
Puis je te prends, je te pose sur le bureau par exemple, à côté de la machine-à-écrire-des-lettres ou sur le côté du sofa où je vais tout le temps.
Tu ne fais pas toujours ce que je veux. Ou tu fais "celle qui n'entend pas". Moi aussi je sais jouer à "celui qui regarde le plus loin".
Je dis quelque chose comme "la fin est bien belle ce soir", j'essaie de te surprendre.
Je te caresse à la main. Je recommence plusieurs fois. Je n'ai pas la place pour t'embrasser.
C'est un travail de fou, mais tu finis par te plier assez bien.
Tu me dis que tu n'es jamais passée par là. Tu comptes les montagnes, on est quelques jours plus tard.
(A la fin, tu t'aperçois que la terre est plus petite que tu croyais).